Foi en Dieu, foi en l’humanité

Published 27 January 2010
tombstone jewish grave stones remembrance mourning grieving visiting graveyard

Broadcast on BBC Radio 4’s Thought for the Day, 30th January 2010

READ IN

Cette idée de Thought for the Day (Pensée du Jour) a été diffusée sur l’émission Radio 4 de la BBC intitulée Today.


Aujourd’hui a lieu la journée nationale de commémoration de l’Holocauste. Cette année, l’accent sera mis sur un petit groupe de personnes du ghetto de Varsovie et la tâche étonnante qu’ils ont décidé d’accomplir pour le bien des générations à venir.

Le ghetto de Varsovie, dans lequel des centaines de milliers de juifs furent entassés, n’était pas un endroit reculé et loin du regard public. Il était près du centre de l’une des capitales européennes. 100 000 juifs y périrent de faim et de maladie, 270 000 furent emmenés depuis des camions de transport de bétail vers Treblinka et d’autres camps pour être gazés, brûlés et réduits en cendres. Finalement, en avril 1943, les nazis ont ordonné que tous ceux qui restaient devaient être tués et c’est à ce moment-là que les habitants du ghetto ont organisé un acte de résistance extraordinaire, repoussant l’armée allemande pendant cinq semaines jusqu’à ce qu’ils soient vaincus.

Mais c’est alors qu’un acte de résistance différent avait eu lieu, et c’est ce que nous allons commémorer cette année. Ce fut le génie d’un historien juif, Emanuel Ringelblum, qui réalisa que les nazis étaient différents de tous les conquérants passés. Tous les autres avaient documenté leurs victoires pour la postérité. Mais les allemands avaient l’intention d’anéantir ou de falsifier toute trace de leurs exterminations de masse des Roms, Sinté, homosexuels, handicapés physiques et mentaux et juifs.

Ringelblum avaient compris qu’ils préparaient une négation systématique de l’Holocauste au moment même où il se produisait. Ainsi, il rassembla dans le ghetto un groupe d’universitaires, d’enseignants, de journalistes, de dirigeants religieux, d’artistes et de jeunes pour recueillir des témoignages de gens dans le ghetto, afin que le monde sache un jour la vérité. Ils rassemblèrent 35 000 documents, histoires, lettres, poèmes et archives. Ils les cachèrent dans des boîtes en étain et dans des barattes à lait, où ils y restèrent pendant des années jusqu’à ce qu’une poignée de survivants les retrouvent.

Quel acte de foi magnifique : le mal serait finalement vaincu, les documents retrouvés et pas détruits, et la vérité en sortirait victorieuse. Avoir foi en D.ieu après l’Holocauste peut être difficile ; mais avoir foi en l’humanité l’est encore plus, en sachant le mal qu’une personne peut faire à son prochain, et la haine qui sommeille dans le coeur de l’homme mais qui ne meurt jamais. 

Ringelblum et ses compatriotes avaient foi en l’humanité, et ils nous ont laissé un héritage d’espoir demeuré intact au cœur des ténèbres. À notre époque toujours sous tension et troublée, puissions-nous être méritants de cette foi, cet espoir.