Les communautés religieuses

Chers lords, il s’agit d’un grand privilège pour moi d’avoir l’opportunité d’ouvrir ce débat… Dans la mesure où nous célébrerons ce week-end le Jubilé de diamant de Sa Majesté, j’espère que vous me permettrez de consacrer la majorité de mon temps sur la seconde partie de la question d’aujourd’hui, celle ayant trait aux relations entre les communautés religieuses et la Reine ; et de souligner la façon admirable avec laquelle elle a guidé et maintenu cette nation à travers l’une de ses transitions les plus complexes, en une société multiethnique, multiculturelle et multireligieuse.

Plusieurs hommages ont été rendus, de manière tout à fait justifiée, à Sa Majesté pour les six décennies de son service dévoué et soutenu envers la nation, mais l’un d’entre eux ne devrait pas être oublié. Il n’est pas donné à toutes les sociétés de traverser un changement, et encore moins lorsque ce changement touche à des aspects si fondamentaux de l’identité telle que la religion, l’ethnicité et la culture. Il est encore plus ardu pour une nation qui a une Église établie de faire en sorte que les membres des autres religions s’y sentent bien accueillis, valorisés et chez eux.

Mais c’est précisément ce que Sa Majesté a fait, et je pense pouvoir parler au nom de tous lorsque je dis que nous avons été élevés, bénis et que nous avons grandi dans la générosité d’esprit dont elle a fait preuve. De nombreux nobles lords voudront ajouter leurs perspectives, et nous les entendrons aujourd’hui de la part de chrétiens, musulmans, hindous, sikhs, zoroastriens et d’autres membres de confession juive qui font partie de cette Chambre ; ainsi que l’honneur de la présence du plus révérend primat, l’archevêque de Canterbury, qui, de pair avec ses prédécesseurs, a tellement fait au niveau personnel pour contribuer à la qualité de notre environnement national et au respect mutuel.

Permettez-moi donc de dire au nom des communautés juives d’Angleterre et du Commonwealth à quel point nous apprécions la bonté dont Sa Majesté fait preuve envers nous et les autres. Il y a quelque chose de miraculeux ici, puisque les juifs ne s’entendent pas sur grand-chose ; mais nous nous accordons sur ce fait. Il est tout à fait étonnant de constater à quel point cela se répand. Tout au long de l’année, chaque fois que je me rendais dans des communautés juives à travers le monde, l’une des premières questions que l’on me posait est “Comment s’est passé le mariage royal ?” Et aux États-Unis, dans plusieurs synagogues que j’ai visité en février de cette année, à ma grande surprise, ils ont chanté : “God save the Queen, Que D.ieu sauve la Reine”. Cela est probablement la première fois depuis 1776 qu’ils ont agi ainsi ! Chaque semaine, dans nos synagogues, nous récitons une prière pour la Reine et la famille royale, et cette semaine, nous prononcerons une prière spéciale de remerciements pour marquer le 50e anniversaire de règne de Sa Majesté, et le grand cadeau que représentent son leadership et son service. Il y a de rares individus dont la grandeur parle à tous, peu importe l’appartenance ethnique ou la religion. Sa Majesté fait partie de ces personnes d’exception, et nous sommes bénis de l’avoir. 

Elle a souvent parlé de sa religion personnelle et de l’Église anglicane qu’elle dirige. Mais elle a aussi souvent parlé des contributions que les autres communautés religieuses ont apportées pour la vie de la nation. En février, au palais de Lambeth, dans l’un de ses premiers discours officiels de l’anniversaire de son règne, elle a souligné à quel point la religion en soi, pas chrétienne uniquement, nous rappelle les responsabilités que nous avons au-delà de nous-mêmes, et comment, de pair avec l’Église anglicane, d’autres communautés religieuses ont été de plus en plus actives pour aider les malades, les personnes âgées, isolées et défavorisées.

En 1952, lors de la première année de son règne, Sa Majesté devint la marraine du Conseil des chrétiens et des juifs, l’organisation fondée dix ans auparavant, lors de l’Holocause, par l’archevêque William Temple et le grand-rabbin Joseph Hertz. Il s’agit d’une des premières organisations interreligieuses en Angleterre ; aujourd’hui, il en existe des centaines similaires, créant des liens d’amitié au-delà des frontières de la religion, là où il y aurait pu avoir à la place méfiance et peur. L’une des plus grandes, Interfaith Network, célèbre cette année son vingt-cinquième anniversaire ; et, au moment où l’on se parle, une nouvelle initiative, Interfaith Explorers, célèbre son lancement à la mosquée de Regent’s Park, avec la présence de son Altesse Royale, le duc de York. Cela fait aussi oeuvre de rappel de ce que les autres membres de la famille royale ont fait pour que les neuf grandes religions d’Angleterre se sentent reconnues et respectées, comme son Altesse Royale le duc d’Edimbourg, le prince de Galles et d’autres.

Notre diversité religieuse nous enrichit. Chaque religion représente une bougie ; aucune d’entre elle n’est diminuée par la lumière des autres, et elle nous aide, ensemble, à bannir un fragment des ténèbres logé dans le cœur humain. Je connais peu d’endroits au monde où l’amitié entre les religions est recherchée avec autant de vigueur qu’en Angleterre ; et pour la manière dont elle a conduit et encouragé cette grande ouverture des coeurs et d’esprit entre nous – ainsi que pour tant d’autres choses – Sa Majesté a élevé nos esprits, et elle mérite nos remerciements.