Le Leadership

Published 29 December 2011
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Broadcast on BBC Radio 4’s Thought for the Day, 29th December 2011

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Cette idée de Thought for the Day (Pensée du Jour) a été diffusée sur l’émission Radio 4 de la BBC intitulée Today.


Ce programme s’est concentré sur les dirigeants et le leadership, et il y a une idée dans la Bible que je trouve fascinante et qui est toujours d’actualité. 

La Bible hébraïque raconte l’histoire de deux natures de dirigeants : les prophètes et les rois. Les rois étaient toujours en train de se faire la guerre, de combattre des ennemis ou encore faire face à des complots et des menaces de leurs ennemis de l’intérieur. Les rois avaient du pouvoir, et les gens se battent pour le pouvoir.

Les prophètes étaient des dirigeants d’une tout autre nature. Ils dirigeaient presque contre leur gré. Lorsque D.ieu les a convoqués, Isaïe a dit, “Je suis un homme aux lèvres sales”, Jérémie a dit, “Je ne peux pas parler, je ne suis qu’un enfant’. Jonas a essayé de s’enfuir. En ce qui concerne Moïse lors de l’épisode du buisson ardent, lorsque D.ieu lui a dit ‘Dirige’, Moïse ne cessait de dire “Non. Qui suis-je ? Ils ne me prendront pas au sérieux. Je ne suis pas un homme à la parole facile. Choisis quelqu’un d’autre.”

Mais de qui nous rappelons-nous tous ces siècles plus tard ? La plupart des rois sont oubliés, mais les paroles des prophètes continuent de nous inspirer ; ce qui est étrange puisqu’ils n’ont pas de pouvoir du tout. Ils n’ont dirigé aucune troupe, aucun gouvernement, et n’ont pas eu de légions de disciples. Ce qu’ils avaient était bien plus puissant que le pouvoir : ils avaient de l’influence. Tel que Kierkegaard l’avait dit : “Lorsqu’un roi meurt, son pouvoir s’éteint. Lorsqu’un prophète meurt, son influence ne fait que commencer.”

Je pense aux héros de mon époque, des dirigeants comme Martin Luther King et Aung San Suu Kyi en Birmanie, qui ont donné un espoir impensable ; des gens comme Bill Gates et Warren Buffett, qui nous ont enseigné que la meilleure chose à faire avec l’argent est de le donner à une cause noble, et les héros de nos hôpitaux, écoles et communautés locales qui nous rappellent quotidiennement que le bonheur émerge lorsqu’on donne, et non lorsqu’on prend. Certains d’entre eux avaient du pouvoir, d’autres non, mais ce qui a fait d’eux de grands hommes était leur influence, la manière dont ils inspiraient les autres et parlaient aux “meilleurs anges” de leur nature.

Ce n’est pas tout le monde qui a du pouvoir. Mais nous avons tous de l’influence, qu’on le veuille ou non. Nous rendons notre entourage meilleur ou pire qu’il ne l’aurait été autrement. Le pire survient si nous le contaminons de notre matérialisme ou de notre cynisme, et meilleur si nous l’inspirons de ce que Wordsworth a qualifié de “la meilleure portion” d’une belle vie, nos “petits actes d’amour et de bonté, sans nom et dont on ne se souvient pas”. Cette gouvernance tranquille d’influence n’est pas en quête de pouvoir, mais elle change des vies. En période difficile comme celle que nous vivons, nous en avons besoin plus que jamais.