Les changements climatiques

Published 5 April 2008
The Bright Sun Blue Sky Clouds

Published in The Times, 5th April 2008

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Si nous comprenions vraiment le premier chapitre de la Genèse, nous aurions une chance de mettre fin à de vaines arguties entre scientifiques et personnes de foi.

Le premier point à souligner est sa brièveté. Le livre ne comporte que trente-quatre versets. La Bible hébraïque passe cinq fois plus de temps à décrire la construction du Tabernacle par les israélites dans le désert. Il est stupéfiant de constater que le récit le plus célèbre et le plus impactant sur les origines de l’univers soit si succinct.

Ensuite, sa structure numérique. Nous connaissons le sens du chiffre sept. L’univers a été créé en sept jours. Le mot “bon” est utilisé sept fois. Mais le schéma est beaucoup plus profond que cela. Le premier verset de la Genèse comporte sept mots hébraïques, et le deuxième quatorze. Le récit du septième jour en comporte trente-cinq. Le mot “D.ieu” apparaît trente-cinq fois, le mot “terre”, vingt-et-une fois. Le passage au complet comporte 469 (7 x 67) mots. Ces indices sous-entendent quelque chose. L’univers a une structure mathématique. 

Ensuite, il y a la structure elle-même. Lors des trois premiers jours de la création, D.ieu crée des domaines : la lumière et les ténèbres, les eaux d’en-haut et les eaux d’en-bas, la mer et la terre ferme. Les trois autres jours, il peuple ces domaines un par un : d’abord le soleil, la lune et les étoiles, ensuite les oiseaux et les poissons, puis les animaux terrestres et les êtres humains. Le septième jour est saint. Ainsi, le chiffre six, correspondant aux jours de la création, symbolise l’ordre naturel, et le chiffre sept le surnaturel.

Comme pour confirmer ces faits, Sir Martin Rees, l’astronome royal, a écrit un livre, Just Six Numbers, dans lequel il démontre que la structure entière de l’univers matériel est déterminée par six constantes mathématiques.

Mais une polémique importante se situe au-delà de ces caractéristiques structurelles. La plupart des lecteurs de la Bible n’ont pas pleinement conscience de la manière dont elle est conçue par une polémique contre le mythe. Dans le cas de la Genèse, c’est évident. Ce qui manque, c’est l’élément de rivalité entre les dieux qui dominent les récits mythologiques de la création. Dans le récit biblique, il n’y a pas d’opposition, pas de conflit. D.ieu parle et le monde est créé. Max Weber a qualifié cela de désenchantement, de démythification du monde. Il croyait que cela représentait le fondement du rationalisme occidental.

Il y a des moments où la polémique est beaucoup plus subtile. Lisez le récit du deuxième jour, lorsque les eaux sont séparées, et seul ce jour, parmi les six jours, ne comporte pas le mot “bon”. Le mot “bon” apparaît deux fois le deuxième jour. Il s’agit d’une allusion à l’une des caractéristiques les plus communes du mythe : la bataille capitale contre la déesse de la mer, l’archétype des forces du chaos. La Bible réfute cela en une seule référence indirecte : imposer un ordre sur les premières eaux a pris un jour et demi au lieu d’un seul. Le récit de la création s’oppose essentiellement à la mythologie.

Donc le premier chapitre de la Genèse n’est pas un récit proto-scientifique de la naissance de l’univers et le Big Bang. L’univers est bon : ainsi, le nihilisme du monde est nul et non avenu. Il est le résultat d’une volonté créatrice unique, donc le mythe est éliminé. L’univers est un espace de structure et d’ordre, le texte est donc une invitation à la science, en insinuant que le monde n’est pas irrationnel et n’est pas gouverné par des pouvoirs capricieux.

Pourquoi le premier chapitre de la Genèse existe-t-il donc ? Nous sommes troublés par cette question car nous oublions que la Bible hébraïque est appelée Torah dans le judaïsme, c’est-à-dire enseigner, direction, ou plus exactement, la loi.

Le premier chapitre de la Genèse est mieux interprété non pas comme une pseudo-science, encore moins comme un mythe, mais en tant que jurisprudence posant les fondations de la loi morale. D.ieu a créé le monde, Il en est donc le propriétaire. Nous sommes Ses invités, des étrangers et des résidents temporaires, telle que la Bible l’exprime. D.ieu a le droit de déterminer les conditions de notre séjour sur terre. Le message capital du premier chapitre de la Genèse est que la souveraineté divine est constitutionnelle. D.ieu dirige non pas par la force, mais par le droit, et nous devons en faire de même. 

Par conséquent, le premier chapitre de la Genèse peut être reformulé dans des termes que même les plus grands tenants de la laïcité peuvent concevoir. Le monde ne nous appartient pas. Nous en sommes les détenteurs au nom de nos successeurs.

Renoncer à notre propriété de la terre est tout ce dont nous avons besoin pour établir ce qui est sans doute l’élément fondamental de l’histoire elle-même : nous sommes là pour protéger, non pas pour détruire ou mettre en danger la terre et tout ce qu’elle contient.