L’éducation et la société

Chers lords, je suis reconnaissant envers le révérend primat d’avoir initié ce débat sur un sujet vital pour l’avenir florissant de nos enfants et petits-enfants. Chers lords, permettez-moi de m’exprimer en tant que juif. Il y a quelque chose qui m’émeut beaucoup dans notre religion. Moïse a rassemblé les Israélites à l’aube de l’Exode.

Il n’a pas mentionné la longue marche vers la liberté. Il n’a pas parlé de la terre de lait et de miel. Il a plutôt mentionné de manière répétée le devoir des parents d’éduquer leurs enfants, en se tournant vers le lointain horizon de l’avenir. Il le fit derechef à la fin de sa vie, en disant : “Tu les inculqueras à tes enfants et tu t’en entretiendras, soit dans ta maison, soit en voyage, en te couchant et en te levant” (Deutéronome 6:7). Pourquoi cette obsession avec l’éducation qui demeure chez nous aujourd’hui ? Parce que, pour défendre un pays, vous avez besoin d’une armée. Mais pour défendre une civilisation, vous avez besoin d’écoles. Vous avez besoin d’éducation comme système de dialogue intergénérationnel.

Quelles que soient la société, la culture ou la foi, nous avons besoin d’enseigner à nos enfants, puis eux aux leurs, ce à quoi nous aspirons et les idéaux qui nous ont été transmis par nos ancêtres. Nous devons enseigner à nos enfants l’histoire à laquelle nous appartenons, et nous devons leur faire confiance pour aller plus loin que nous, lorsque le moment sera venu d’écrire leur propre chapitre.

Nous commettons une grave erreur si nous concevons l’éducation uniquement en termes de savoir et de compétences, ce que l’écrivain américain David Brooks a qualifié de “vertus résumées” par opposition aux “vertus élogieuses”.

Et ce n’est pas un idéalisme vague. Il s’agit d’un pragmatisme obstiné. Le monde n’a jamais changé aussi rapidement, et le rythme s’accentue chaque année. Nous n’avons aucune idée de ce à quoi les structures d’emploi ressembleront dans deux ans, et encore moins dans vingt ans ; quelles compétences seront valorisées, et quelles compétences seront produites par des robots à l’intelligence et à la politesse artificielles. Nous devons donner à nos enfants un GPS moral afin qu’ils puissent trouver leur chemin à travers le pays inexploré qui s’appelle l’avenir. Nous avons besoin de leur donner le plus grand sentiment de responsabilité collective pour le bien commun, car nous ne savons pas qui seront les gagnants et les perdants de la loterie de l’économie globale ; nous devons nous assurer que ses bienfaits soient partagés. Il y a trop de “je” et trop peu de “nous” dans notre culture et nous devons enseigner à nos enfants à se soucier des autres, en particulier de ceux qui ne sont pas comme nous.

Nous travaillons sur cela dans nos écoles juives. Nous donnons à nos enfants une confiance en eux, afin qu’ils puissent gérer le changement sans crainte et continuer à apprendre tout au long de leur vie. Nous leur enseignons non seulement à être fiers d’être juifs, mais également à être fiers d’être anglais, défenseurs de la liberté démocratique et à être des citoyens actifs qui aident ceux qui sont dans le besoin.

Les écoles représentent bien plus qu’un lieu d’apprentissage et de potentiel d’action. Elles se concentrent sur notre identité et sur ce que nous devons faire pour aider les autres à accomplir leur potentiel. Le monde dont nos enfants hériteront demain est né dans les écoles que nous construisons aujourd’hui.